Notizen zu dieser Person
Ouvrage recommandé: Roger Quentin, Amour et opéra, Emelie Bigottini, danseuse étoile de l’opéra, chez l’auteur, 2016, 77 p, 21 E.
Notre confrère et ami Roger Quentin est un passionné de l’Empire mais aussi de l’histoire de la musique. Dans l’article qu’il a consacré à Lazare-Pierre Julien, devenu régisseur du château de Compiègne sous Louis-Philippe, publié l’an passé dans notre revue, il avait déjà évoqué la figure attachante d’Emilie Bigottini (1784-1858), danseuse de l’Opéra, alors maîtresse de Duroc, Grand maréchal du Palais des Tuileries auprèsduquel travaillait Julien et à qui fut confié le soin de la correspondance intime de son patron avec la danseuse, lors des campagnes de Russieet d’Allemagne en 1812-1813, jusqu’au décès de Duroc près de Görlitz en Saxe, le 23 mai 1813.
Emilie Biggotini naquit à Toulouse le 16 avril 1784, fille d’un acteur,machiniste et décorateur du théâtre italien, ayant longtemps voyagé enEurope en suivant le célèbre dramaturge vénitien Goldoni. Née de sa seconde épouse, Emilie perdit son père à deux ans ; elle fut élevée par sa mère et sa demi-sœur, artiste dramatique ainsi que son beau-père, maître de ballet à l’Opéra de Paris, qui la fit entrer à 10 ans à l’écolede danse du Théâtre des Arts, nom de l’Opéra sous la Révolution. Débutant en 1798 au théâtre d’Audinot elle rejoignit l’Opéra en 1801, où ellefit une très brillante carrière de danseuse étoile jusqu’à sa retraiteen 1823. Son physique avantageux et sa renommée de danseuse en firentla maîtresse de grands personnages de l’époque, qui assurèrent sa fortune et celle de sa famille, d’autant qu’elle eut plusieurs enfants naturels. Proche d’Eugène de Beauharnais en 1803-1805, puis d’un Prince espagnol, Armand Pignatelli d’Egmont, comte de Fuentes, en 1806-1809, dontelle eut une première fille, Amandine (1807-1885), elle devint la maîtresse du Grand Maréchal Duroc jusqu’à son décès en 1813. Venue danser àVienne en 1814, elle devait y rencontrer le Comte François Palffy von Erdod, et de leur liaison naquit un fils, François (1815-1903). Au coursde sa longue vie, Emilie Bigottini fréquenta, outre des représentantsde l’aristocratie, des élites politiques et militaires, de nombreuses figures du milieu artistique parisien, compositeurs, musiciens, acteurs,écrivains, tels Marceline Desbordes-Valmore, l’illustrateur de Vèze, le mathématicien Michel Chasle ou la famille Curie. C’est donc tout un pan de la vie culturelle parisienne de la première moitié du XIX° siècle, qui apparaît en filigrane derrière l’évocation circonstanciée de la vie, de la famille et des nombreuses relations de celle qui passait pourêtre la Malibran de la danse sous le Premier Empire et la Restauration. Grâce à ses recherches approfondies, illustrées de nombreux portraitset de précieux tableaux généalogiques, l’auteur nous apporte ainsi unesolide et intéressante biographie d’un personnage devenu aujourd’hui bien méconnu de notre histoire culturelle et sociale.
Par Jacques BERNET, le 16/03/2016
Henri
Frebault
